Comme prévu, je suis de retour en France depuis quelques jours. Les fêtes et les vacances sont passées, je profite du calme pour partager avec vous mes derniers articles sur le Liban que j’ai quitté le cœur lourd.
Quelques semaines ne suffisent pas à découvrir un pays, j’ai donc été obligée d’opter pour certains coins plutôt que d’autres, et malgré les évènements qui se déroulent dans cette partie du monde en ce moment, je ne me voyais pas faire l’impasse sur Tripoli.
La ville est située à une soixantaine de kilomètres de Jounieh (et à environ 80 kilomètres de Beyrouth) et on la rejoint facilement en empruntant la route du bord de mer (ou l’autoroute), presque jusqu’au bout ! Comptez environ 2 heures. Elle se trouve non loin de la frontière syrienne, c’est pourquoi elle accueille depuis plusieurs mois de nombreux réfugiés, et elle fait partie des villes que l’on évite généralement, mais on m’avait parlé des paysages incroyables que l’on peut y admirer et des sites archéologiques qui feraient le bonheur de l’amoureuse des vieilles pierres que je suis, et je n’ai donc pas pu résister !
Elle est la deuxième ville du pays et compte plus de 500 000 habitants en « temps normal ». Elle offre au visiteur un premier aspect très moderne (grandes avenues, nouveaux immeubles et supermarchés qui poussent partout) et conserve aussi un deuxième visage plus traditionnel qui se découvre dans la vieille ville. Le château des Croisés en est l’un des symboles, mais les petites ruelles, les marchands ambulants et les odeurs d’épices qui s’échappent des souks y sont aussi pour beaucoup !
Nous ne sommes restés qu’une journée et avons bien évidemment évité les endroits les plus « chauds » et c’est parce que j’étais accompagnée de libanais que je m’y suis rendue, mais si vous ne passez que quelques jours au Liban, inutile de prendre des risques en venant à Tripoli (malheureusement).
Nous avons commencé par visiter la vieille ville, très pratique puisque tout peut se faire à pied. Petit conseil, la ville étant majoritairement musulmane, évitez de venir le vendredi, tout sera plus simple. Évitez aussi les tenues légères (pas de problème pour nous puisque l’hiver avait fini par arriver au Liban).
Ici, que les gourmands se réjouissent ! Tripoli est réputé dans tout le Liban pour ses pâtisseries ! Il y a de nombreuses boutiques dans toute la ville (parfois internationalement connues comme Hallab qui a plus de 130 ans), qui sont généralement transmises de génération en génération. La plus célèbre des douceurs est le znoud el set, qui se compose de pâte feuilletée roulée comme un nem et fourrée de crème. Mais ma préférence va aux karabij, un délice dont la pâte est à base de semoule fine, farcie de pistache (le plus souvent) et de crème natef, sorte de meringue italienne aromatisée à la fleur d’oranger… Elles ont l’avantage d’être moins sucrées que les autres pâtisseries,  mais je dois dire que lorsque vous pénétrerez dans ces temples dédiés à l’obésité, il vous sera difficile de ne pas goûter à tout ! Les préparations sont parfaitement présentées sur d’immenses plateaux et les vendeurs sont à votre disposition à toute heure pour remplir des boîtes de toutes les tailles, ce sont vos proches en France qui seront contents (mais si vous avez manqué la boutique, pas de panique, l’enseigne est aussi présente à l’aéroport !).
Le site le plus célèbre est sans doute le château de Saint-Gilles, du nom de Raymond IV de Toulouse (dit Raymond de Saint-Gilles), qui fut conte de Tripoli entre 1102 et 1105. Cette forteresse qui porte aussi le nom de Mont-Pèlerin est construite sur un promontoire, permettant autrefois de garder un œil sur la vallée du Nahr Abou Ali. De nombreux hommes s’y sont succédé, chacun ajoutant quelque chose, l’édifice se transformant en église au moment des Croisés, gagnant de nouvelles structures à l’époque des Croisades, devenant mosquée…
A voir aussi, la madrassa (qui veut dire école) al-Burtasiyat, une petite merveille construite en 1376, dont la salle de prière est remarquable, habillée de superbes mosaïques, non loin du quartier d’El Qoubbé où se trouve encore de vieilles bâtisses au milieu des immeubles. Le château n’est pas très intéressant mais il ne faut pas rater la vue sur la mer, surtout au coucher du soleil.
Du côté de la Grande Mosquée se situent le souk des bijoutiers où l’or s’achète au poids. On en prend plein des yeux, les vitrines débordent de parures ! Il ne faut pas hésiter à suivre les petits renfoncements entre les échoppes, souvent se trouve au bout un belle demeure en ruines. Les souks des cuivreries, des menuisiers, des tailleurs sont aussi à visiter. Tout près, dans le Khan el Saboun, un autre souk où l’on peut acheter du savon traditionnel, naturel et aux parfums enivrants.
Tripoli est une ville très orientale, vraiment différente de Beyrouth. Il y a beaucoup de monde et d’animation, des vendeurs partout et du bruit.
Avant de partir, faites un tour du côté du port d’el Mina, où était autrefois construite la cité antique, dont il ne reste plus rien. La promenade est jolie, les restaurants nombreux, et il est possible de faire quelques balades en bateau, vers les îles environnantes dont la plus célèbre est celle aux Lapins.
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