J’ai profité de mon séjour à Palawan, et plus précisément sur l’île de Busuanga dans l’archipel des Calamian pour me rendre dans la réserve de Calauit, à l’extrême nord. Située sur l’île du même nom, elle appartient au Calauit Game Preserve & Wildlife Sanctuary et le projet est issu de l’esprit un peu fou de Ferdinand Marcos, le dixième président de la république des Philippines, plus connu pour avoir été un dictateur. En 1977, il répondit favorablement au chef d’état kenyan qui lui demandait, afin de préserver des espèces animales menacées, de créer une réserve sur une île. Nul ne sait si la décision du président philippin fut motivée par un élan écologique ou simplement par sa mégalomanie, quoi qu’il en soit, le projet vit le jour et des dizaines d’animaux débarquèrent sur cette île, qui au préalable avait été vidée de ses habitants historiques, 250 familles priées de faire leurs valises. Le responsable sur place m’a même expliqué que la rumeur veut que Marcos ait décidé d’accepter la demande afin de créer pour son fils un… terrain de chasse !
Bref, zèbres, girafes, impalas, gazelles, buffles d’eau, antilopes, boucs et tupi furent installés là et leur survie reste encore aujourd’hui un mystère, d’abord parce que les ressources alimentaires se sont révélées insuffisantes ensuite parce que le successeur du président, Cory Aquino, décida se supprimer purement et simplement toutes les aides financières de la réserve ! Ce sont les habitants des îles voisines qui s’occupèrent des bêtes pendant 6 ans avant de finalement baisser les bras faute de moyens. C’est ainsi que des espèces commencèrent à disparaître (gazelles et tupi), d’autres à ne pas se développer correctement (les girafes sont plus petites que leurs sœurs en Afrique), sans parler des braconnages qui sont de plus en plus fréquents.
La réserve survit grâce aux touristes qui viennent découvrir ses animaux inconnus et depuis Busuanga, il est très simple de rejoindre la réserve. A Coron, où nous nous trouvions, il suffit de sortir dans la rue pour avoir le choix entre des dizaines de « compagnies » qui proposent de venir vous chercher vers 4h ou 5h du matin à votre hôtel et de vous ramener en fin d’après midi. Scooter, mini van, 4×4 et pick-up, tous les moyens sont bons pour vous faire rejoindre Calauit à moindre prix. Nous optons pour le scooter, pensant que la balade (1h30 pour rallier la réserve) sera agréable et c’est finalement un pick-up qui nous attend ce matin-là . Une fois arrivée sur place, je suis très contente de ne pas avoir effectué le trajet en deux roues : routes défoncées, froid matinal, l’expérience aurait été affreuse. A la place, nous avons eu droit à une à peine moins pire. Le pick-up est rempli par une famille philippine, il ne reste donc de la place que dans la partie ouverte à l’arrière du véhicule. Première idée originale : on nous installe des chaises en plastique de jardin, bien-sûr absolument pas retenues si ce n’est par les deux personnes qui nous accompagnent (imaginez les démarrages…). Deuxième idée : la voiture roule vite, résultats le vent qui fouette littéralement notre visage, le froid de la nuit et tout un tas de petits insectes qui viennent s’écraser sur nous, sans compter la peur de tomber à chaque virage. Rapidement, ce n’est plus possible, nous passons donc le reste du trajet assis par terre à l’arrière, pas très confortable mais beaucoup plus prudent !
Une fois arrivée devant Calauit, il faut prendre un bateau pour rejoindre la réserve. Sur place, nous avons droit à un petit déjeuner avec les quelques touristes présents, puis à un tour en camion dans cette savane improvisée. On s’arrête pour nourrir les girafes, observer les animaux de loin, les caresser… Le prix de l’entrée est fixé à 300 php (5,50€) et vous pouvez aussi dormir sur place pour 150 php (sous la tente) ! Honnêtement, la visite n’est pas passionnante et même un peu triste, cela ne vaut pas le coup. Pour ne rien arranger, au retour, nous avons droit à une pluie torrentielle (je rappelle que nous nous trouvons alors à l’arrière du pick-up…). Le conducteur finit par s’arrêter pour que l’on s’abrite le temps que la tempête passe, et c’est trempés que nous regagnons notre hôtel vers 16h, enfin !
Sur la route, nous nous sommes arrêtés dans un petit village désert pour manger, un repas compris dans le prix du trajet (2300 php à la base, mais vu les conditions ils nous ont fait une petite remise).
Conclusion, je ne conseille pas cette excursion, mieux vaut profiter de ce que le pays à vraiment à offrir, la beauté de ses paysages, tout simplement !
Le retour à Manille s’est bien passé, déjà plusieurs semaines que je m’y trouve et la magie opère encore…